mardi 29 avril 2014

Polonnaruwa : le site archéologique

Un peu d’histoire : durant trois siècles, Polonnaruwa fut la capitale de la dynastie chola et du royaume cinghalais. Datant de presque un millénaire, elle est plus récente qu’Anuradhapura et généralement mieux conservée (mais de moindre ampleur). La dynastie chola de l’Inde du sud fit de Polonnaruwa sa capitale après avoir conquis Anuradhapura à la fin du Xème siècle. La cité bénéficiait en effet d’un emplacement plus stratégique pour se protéger contre d’éventuelles révoltes du royaume cinghalais de Ruhunu, dans le sud-est. Les moustiques y étaient en outre moins nombreux ! Lorsque le roi cinghalais Vijayabahu 1er bouta les chola hors de l’île en 1070, il conserva Polonnaruwa comme capitale. Polonnaruwa atteignit son apogée sous le règne de Parakramabahu 1er (r. 1153-11_-), qui fit ériger de gigantesques monuments, dessina de superbes parcs et créa même un réservoir de 25 km2, appelé Parakrama Samudra (mer de Parakrama) en raison de sa taille. Le lac actuel, qui englobe trois anciens réservoirs, n’est sans doute pas celui d’origine. Nissanka Malla (r. 1187-1193), qui succéda à Parakramabahu 1er conduisit pratiquement le royaume à la faillite en essayant de rivaliser avec ses prédécesseurs. Au début du XIIIème siècle Polonnaruwa commença à se montrer aussi vulnérable aux invasions indiennes qu’Anuradhapura. Elle fut finalement abandonnée et le centre du pouvoir fut transféré dans l’ouest de l’île. La cité ancienne de Polonnaruwa figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1982.
En ce qui concerne notre visite, comme il est conseillé de partir tôt en raison de la chaleur, nous sommes prêts à 7h. Malheureusement, le musée où s’achètent les billets (25$/pers), n’ouvre qu’à 8h… A proximité se trouve
l’ensemble de la Rest House et nous allons passer cette demi-heure à le visiter. On y trouve les ruines du palais de Nissanka Malla et les bains royaux. On peut également y voir la salle du Conseil royal qui abritait le trône en pierre du roi, en forme de lion, exposé au National Museum de Colombo. Nous filons ensuite acheter nos billets, et commençons notre visite par le Musée archéologique, qui donne un très bon aperçu et beaucoup (trop) d’explications sur les visites qui nous attendent. Que d’informations d’un seul coup…
Nous retrouvons nos vélos pour entamer la visite, et nous nous égarons, découvrant au passage le marché et son agitation… Nous finissons par retrouver le bon chemin et commençons par visiter le secteur comprenant l’ensemble du palais royal. Construit sous Parakramabahu 1er, il comprend le Palais royal, monument qui à
l’origine aurait comporté 7 étages et qui mesure 31 m sur 13. Les murs faisaient 3 m d’épaisseur et étaient percés de trous qui recevaient les poutres de soutènement des étages. Le toit de cet édifice de 50 pièces reposait sur 30 piliers. Nous découvrons ensuite la salle d’audience de Parakramabahu qui comporte une
remarquable frise figurant des éléphants, chacun d’entre eux étant dans une position différente. De beaux lions se dressent en haut des marches. Ensuite nous voyons le bain du prince (Kumara Pokuna), dont deux de ses orifices sont en forme de mâchoire de crocodile.

Nous enchainons ensuite avec le Quadrilatère, l’ensemble le plus compact de toutes les cités anciennes du Sri Lanka. Il est composé d’un grand nombre de monuments dont les principaux sont : le Vatadage : bel exemple
de ce type d’architecture consistant en une chambre reliquaire en forme de cercle. La première terrasse de l’ensemble mesure 18 m de diamètre, et la seconde possède 4 entrées flanquées de remarquables gardiens de pierre. La pierre de lune à l’entrée nord serait la plus belle de Polonnaruwa. Les 4 entrées mènent au dagoba central, orné de 4 bouddhas
Thuparama Gedige : le plus petit gedige (temple bouddhique creux aux murs épais) de Polonnaruwa, est également l’un des plus beaux. Il est le seul à avoir gardé un toit intact.
Gal Pota : du côté nord du Gal Pota (livre de pierre) une gigantesque sculpture qui figure un livre en ola (feuille de palmier talipot). Il mesure près de 9m de long, 1,50m de large et 40 à 66cm d’épaisseur. Une inscription, la plus longue de ce type au Sri Lanka où il en existe beaucoup, indique qu’il s’agit d’une œuvre de Nissanka Malla. Elle vante les vertus du roi et précise que cette dalle de 25 tonnes fut transportée depuis Mihintale, à plus de 100km de là.
Hatadage : une chambre de la Dent (de Bouddha). Elle fut aussi érigée par Nissanka Malla. Elle aurait été bâtie en 60 jours… Elle montre une belle symétrie des portes.
Latha-Mandapaya : on doit aussi ce monument à Nissanka Malla. Une construction unique, formé d’un treillis de pierre (curieuse imitation d’une clôture en bois), entoure un minuscule dagoba cerné de piliers en pierre figurant des tiges de lotus couronnés de bourgeons fermés. On dit que Nissanka Malla venait ici pour écouter les textes bouddhiques chantés…
Satmahal Prasada : construction pyramidale de 6 étages (7 à l’origine), évoquant une ziggourat.
Atadage : sanctuaire destiné à accueillir la Dent sacrée, c’est le seul monument de l’époque de Vijayabahu 1er subsistant à Polonnaruwa.
Voir la diaporama du Quadrilatère
Nous récupérons nos vélos, que l’on n’a pas besoin d’attacher… et poursuivons la visite, sous un soleil de plomb et une chaleur proche des 40° ! Heureusement nous trouvons refuge de temps en temps sous les arbres. Nous finissons également par trouver un marchand pour trouver une bouteille d’eau… fraîche ! Un bonheur !
Nous enchaînons avec l’ensemble du nord, composé, lui-aussi de nombreux monuments et assez espacés. Heureusement que nous sommes en vélo… Voici donc les principaux monuments que nous parcourons :
Rankot Vihara : haut de 54m, le Rankot Vihara est inspiré de du style d’Anuradhapura. C’est le plus haut dagoba de Polonnaruwa et le 4ème de l’ïle. Il daterait du règne de Nissanka Malla. Commeles autres dagobas de Polonnaruwa et d’Anuradhapura, il possède un dôme en terre, recouvert de briques et de plâtre.
Buddha Seema Prasada : il domine les autres monuments de l’Alahana Pirivena, c’était la salle de réunion du monastère. Il comporte un beau mandapaya (plate-forme surélevée reposant sur des piliers décoratifs).
Lankatilaka : construit par Parakramabahu 1er , puis restauré par Vijayabahu IV, le Lankatilaka est un énorme gedige de 17 m de haut (le toit s’est écroulé). Une allée semblable à celle des cathédrales mène à un gigantesque Buddha debout, aujourd’hui décapité. Les murs extérieurs sont décorés de bas-reliefs représentant les structures de polonnaruwa dans leur état d’origine.
Kiri Vihara : dagoba, jadis connu sous le nom de Rupavati Chetiya, est attribué à Subhadra, épouse du roi Parakramabahu. Son nom actuel signifie « blanc laiteux » (lorsque la jungle fut défrichée après 700 années d’abandon, on découvrit, en parfait été, le revêtement de chaux d’origine). C’est le dagoba le mieux conservé de Polonnaruwa, parmi ceux qui n’ont pas été restaurés.
Gal Vihara : ensemble de 4 buddhas qui font partie du monastère nord de Parakramabahu, qui marque l’apothéose de l’art cinghalais en matière de travail de la pierre. Les statues, taillés dans le même long bloc de granit, étaient jadis chacune enfermée dans une enceinte séparée (on aperçoit encore les trous creusés dans la roche derrière les statues, dans lesquels des poutres en bois avaient été introduites). Le bouddha debout, de 7m de haut, est considéré comme le plus beaude la série. La position singulière des bras, ainsi que l’expression d’affliction du visage, laissèrent d’abord supposer qu’il s’agissait d’une représentation d’Ananda, disciple de Bouddha déplorant le départ de son maître pour le nirvana ; en effet une statue couchée figure juste à côté. Le fait qu’il possédait sa propre enceinte et la découverte plus tardive d’autres sculptures dont les bras épousaient la même position ont dicrédité cette théorie, et l’on considère aujourd’hui que toutes les sculptures représentent le Bouddha. Le grand bouddha couché entrant dans le parinirvana (entrée dans le nirvana d’un Bouddha ; victoire finale sur la souffrance) est long de 14m.On peut remarquer le subtil renfoncement de l’oreiller sous la tête et le symbole de la roue solaire, égalamement sur l’oreiller. Les deux autres statues sont des bouddhas assis ; celle de la petite cavité est plus petite et de moins bonne facture.
Les deux sites suivants sont un peu plus excentrés et il faut reconnaitre que nous commencions à fatiguer. Nous avons quand même décidé de faire l’effort, surtout pour le dernier avec un bon raidillon final, et nous n’avons pas regretté nos efforts…
Nelum Pokuna : c’est un bassin en forme de lotus qui était probablement utilisé par les moines. Il mesure presque 8m de diamètre et est composé de cinq anneaux concentriques formés chacun de huit pétales.
Salle de la statue Tivanka : Tivanka signifie « à trois flexion » et fait référence à la position du bouddha situé à l’intérieur, réservé normalement aux figures féminines. L’édifice est remarquable par ses étranges sculptures de nains sur les murs extérieurs et par ses fresques à l’intérieur (seules peintures murales à avoir survécu à Polonnaruwa).Certaines datent des travaux de restauration entrepris par Parakramabahu III, d’autres sont beaucoup plus anciennes.

Voir le diaporama de l'ensemble du nord
Notre visite de l’ensemble du nord est terminée et il nous reste encore celui du sud, plus petit et plus proche de notre guest-house. Après une pause au bord de la route pour déguster un king coco (une noix de coco fraiche pleine à ras bord de son eau) ; on boit d’abord l’eau à la paille et ensuite on nous coupe une « écaille » d’écorce qui sert de cuiller pour déguster la pulpe… Ce petit remontant avalé nous repartons par la digue du réservoir découvrir nos derniers vestiges répertorié "ensemble du sud".
Potgul Vihara : connu également sous le nom de dagoba bibliothèque, c’est une construction insolite : un édifice creux en forme de stupa, aux murs épais, qui aurait servis jadis à entreposer des livres sacrés. Il s’agit en fait d’un gedige circulaire et de quatre dagobas de taille plus modeste, organisés en quinconce autour du dôme central, une disposition cinghalaise très répandue dans laquelle cinq éléments forment un rectangle (un à chaque angle et un au centre).
La statue : c’est une représentation humaine de presque 4m de haut, d’un réalisme surprenant qui contraste étrangement avec celles de Bouddha, généralement idéalisées ou stylisées. Le personnage figuré est sujet à débats. Pour certains l’objet qu’il tient étant un livre, il pourrait s’agir d’Agastaya, un sage indien légendaire. Selon la théorie la plus commune, l’objet en question serait un joug symbolisant la souveraineté et le personnage barbu serait Parakramabahu 1er. On dit aussi qu’en fait de joug il s’agirait simplement d’une tranche de papaye…
Notre visite s’achève par cette statue et nous sommes contents de notre visite, même si nous sommes plutôt fatigués de ces 6 heures dans les ruines... Nous rentrons dans nos appartements faire un peu de lessive après avoir pris un peu de repos avec une bière bien fraiche… Nous ne regrettons pas notre lever matinal car le ciel s’est couvert rapidement et dès 15h l’orage éclate, et durera jusqu’au début de la nuit. Après un dernier dîner et une dernière nuit dans notre guest-house du Palm Garden, nous prendrons le bus demain pour rejoindre d’abord Harabana, puis de là prendre un nouveau bus pour la côte est et rejoindre Trincomalee. Nous avons prévu de loger à Uppuveli, 6km plus au nord, tout au bord de la plage. A suivre…













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